Pas trop d'affectif...facile à dire
L'un des plaisirs de notre métiers, c'est de trouver dans le regard de nos gamins toute l'affection et la gratitude qu'ils ont pour le boulot que vous faites avec eux.
En effet, c'est gratifiant de se sentir vraiment utile mais c'est aussi très usant de voir son travail saboté par des parents qui ne suivent pas et qui détruisent tout ce que vous avez construit!
Quand vous accueillez des enfants en 6è, ils sont fiers d'être là, anxieux de réussir et pleins de bonne volonté: quand vous leur avez parlé de leur avenir et de ce qu'ils peuvent réussir à faire, ils ont les yeux pleins d'étoiles et sont prêts à soulever des montagnes. Malheureusement , ils reviennent à la maison et là, ils n'ont plus ce soutien inconditionnel, ils n'ont pas forcément quelqu'un qui prend le temps de s'assoir à côté d'eux, de parler et de les aider à apprendre leurs leçons et à faire leurs devoirs. Que dire à cette maman qui me demande :" quand il sortira de l'heure d'étude, il n'aura plus rien à faire à la maison ?" Si madame, il aura encore à faire, l'étude est là pour l'aider , pas pour faire en sorte que vous soyez débarassée de votre responsabilité!!!!!oui, mais non, je n'ai pas le droit de lui dire! Que répondre à une enfant pleine de de volonté mais avec beaucoup de difficultés quand sa mère me fait dire(non pas un écrit dans le carnet ) "je ne pourrai pas venir , envoyez moi le bulletin" Si seulement vous aviez vu le regard de cette petite ,coincée entre une famille qui s'en désintéresse et son professeur à qui elle aurait voulu faire plaisir.
Vous les regardez, vous faites des heures supplémentaires non payées pour les aider à apprendre leurs leçons, à avoir confiance en eux,et vous espérez qu'ils mûriront assez vite pour se prendre en main, seuls sans aide de leurs parents...(Marie, je pense à toi là...)et puis il y a ceux qui dérapent, qui n'y arrivent pas et qui finissent par faire la bêtise qu'il ne fallait pas faire, vient alors l'exclusion temporaire, les parents qui s'insurgent mais qui ne se posent pas les bonnes questions, le gamin qui récidive et va plus loin ... trop loin...En temps que professeur on pourrait penser "bon débarras" et bien même pas, on pense plutôt "pauvre gosse" si seulement il avait reçu de ses parents l'affectif qu'il a reçu de ses professeurs pendant un certains temps, il n'en serait pas là...et on culpabilise
Alors, c'est vrai, il faudrait rester neutre mais pour moi, on ne peut pas faire ce métier sans affectif et même si celui ci nous ronge parfois , c'est grâce à lui qu'on réussi à faire que nos élèves évoluent d'une façon ou d'une autre!! et je ne conçoit pas le métier de professeur autrement!